20/05/2017
Annevoie cartes-vues (Les Activités industrielles) Cinquième partie
textes et commentaires Jean Closset
Notre historien résidentiel, Jean Closset
Avant-propos
Le travail du fer sur les bords de Bableuse remonte très loin dans le temps. Là où les hommes trouvèrent une eau rapide, ils ont pensé à en tirer la force motrice. Suivant les documents de la Cour des comptes, des redevances pour coops d'eau (prises d'eau) montrent que déjà au cours du seizième siècle on travaillait le fer à Annevoie. Par exemple, en 1516, Bertrand le forgeron paie 40 sous.
Il en est ainsi au dix-septième siècle où il est fait état de cinq forges et deux fourneaux sur le cours de Bableuse.
Il faut attendre le cadastre de 1833 pour avoir une connaissance exacte de la situation.
On trouve successivement les établissements suivants :
- la forge d'en haut au bout de la rue de l'Eglise,
- la neuve forge à coté des jardins d'Annevoie,
- la forge Aminte,
- le neuf fourneau,
- le moulin à farine,
- la forge du Trou,
- le fourneau du Milieu,
- la forge d'en bas.
Toutes ces forges et fourneaux sont regroupés sur une distance d'un peu plus d'un kilomètre. Tous ces établissements connaîtront le déclin dès que les industries du sillon Sambre et Meuse et l'extraction du charbon se développeront à partie du dix-neuvième siècle.
Ci-après, les croquis du cadastre de 1833 indiquant l'emplacement des forges et installations diverses.
Venons-en à chacun de ces établissements industriels.
Forge d'en haut. L'octroi pour sa fondation date de 1732 et est accordé à de Montpellier. Là où est établie la forge, il ne coule aucun ruisseau. Il a donc fallu établir des canalisations en maçonnerie depuis l'étang de la Roynette et le ruisseau de Fonteny. De plus, pour obtenir une chute d'eau, il a fallu creuser le sol pour établir l'usine. Celle-ci tombe en léthargie dans les premières années du dix-neuvième siècle. Néanmoins l'usine sera rétablie de 1916 à 1954, la forge devant forgette pour façonner des outils. Finalement, l'excavation de la forge, les murs étant démolis, servira à une pisciculture pendant quelques années. La photo de la forge ne montre que des toits au ras du sol puisque l'usine elle-même était enterrée.
La neuve forge. Cet établissement existait depuis un temps immémorial, quand il a été reconstruit en 1779. Il appartenait aux Montpellier. La forge se compose de deux fours, une affinerie, un marteau et deux martinets. La fin de cette forge se situe en 1860. En 1866, la forge est convertie en polissoir et scierie de marbre qui s'arrêtera en 1914. En 1955 l'ancienne forge qui se trouve à côté de l'entrée des jardins d'Annevoie est transformée en rôtisserie et le reste en centre d'accueil pour les jardins d'Annevoie.
La forge Aminte, gravures du général de Houwen. Cette forge d'origine très ancienne appartenait aux de Cesves. Elle est vendue en 1813 à Charles Donau. Après son arrêt elle est vendue en 1850 à Auguste Bayvi qui en fera une meunerie et une huilerie. En 1868, un incendie survient. La reconstruction n'aura lieu qu'en 1877. Au début du vingtième siècle, les Debras exploitent le moulin et ce jusqu'en 1954 alors qu'il est toujours la propriété des Bayvi. Le moulin est démoli en 1967, il n'en reste que l'assise et la roue hydraulique.
Vue du moulin et de son bief.
Vue rapprochée du moulin.
L'eau coule sur la roue du moulin.
A la sortie du moulin, une belle cascade.
Le neuf fourneau. L'octroi pour ce fourneau date de 1775. Le propriétaire en est Joseph Misson. Le fourneau est revendu successivement à Frédéric de Montpellier puis à madame Bauchau en 1836. Après l'arrêt de l'activité, le bien est revendu à Julien Bayvi, déjà propriétaire du vieux moulin de Rouillon. Alexis Bayvi s'oriente vers une autre activité, la meunerie. Un moulin à farine est construit en 1882. En 1893, plusieurs activités vont s'exercer sur le lieu : d'abord une peausserie qui provoque beaucoup de critiques à cause de l'odeur, elle est suivie de la fabrication de produits réfractaires. vers l'an 1900, une scierie de marbre s'installe jusqu'en 1914. En 1923 a lieu la vente aux frères Debras, lesquels y produisent des aliments pour bétail. Enfin, à la place du Moulin s'élèvera une installation frigorifique. Que de mutations en un seul lieu !
Vue des installations frigorifiques.
Vue prise du temps où le neuf fourneau servait à une scierie de marbre.
Le vieux moulin de Rouillon. Son existence est avérée depuis le dix-septième siècle. En 1641, il appartient à Nicolas Marotte, seigneur d'Arbre. Le cadastre de 1833 indique avec précision que sur place, en plus du moulin, se trouve deux bâtiments, une maison et une cour. Le tout appartient à Charles de Moreau. Le moulin devient propriété d'Edmond Baivy qui, en 1904, installe sur place une blanchisserie. En 1912, le bâtiment est agrandi. Il apparaît comme une grande bâtisse de trois étages au flanc de laquelle il y a une roue hydraulique. le surplus d'eau tombe en cascade dans le bief de la forge du trou. La blanchisserie sera active jusqu'en 1950 puis sera revendue aux frères Debras qui transforment le tout en magasin à grains. L'ensemble sera revendu par les frères Debras et deviendra une habitation.
Le linge est étendu sur l'herbe pour blanchir.
La blanchisserie dans les années 1930.
Autre vue de l'ancienne blanchisserie devenue habitation.
Le surplus d'eau tombe dans le bief de la forge du Trou dont on aperçoit le toit.
Le fourneau du mitan (milieu). Dans les actes, le fourneau du milieu est déjà signalé en 1647. Un rapport de 1845 sur l'état des forges et fourneaux signale que le fourneau du milieu est au chômage. En 1865, le bâtiment annexe du fourneau longeant la route de Fraire est démoli et permet la construction d'une villa que nous avons montrée dans le chapitre consacré aux rues. Le bâtiment du fourneau est transformé en 1893 en polissoir de marbre qui fonctionne jusqu'en 1911 pour devenir une menuiserie où l'on fabrique notamment des chaises pliantes. En 1936, la totalité du bien, à l'exception de la villa, est revendue par la famille de Copin aux forges Malevez. Cela permet l'élargissement du chemin qui conduit à la forge du Trou.
Gravure du dix-neuvième siècle montrant la forge du Trou.
La forge du Trou possède encore ses roues hydrauliques.
La forge du Trou et ses abords.
Maka de la forge du Trou.
La forge du Trou au temps de l'Eden parc.
Emplacement où se trouvait le fourneau du mitan.
Forges Malevez
Forges et fourneau d'En-Bas. L'existence de ces installations situées le long de la Chaussée de Namur, est déjà signalée en 1650. On y rattache la Forge du Trou qui se trouve en contre-bas du Moulin de Rouillon. En 1803, le tout appartient à André Moreau. Dès la moitié du dix-neuvième siècle, la forgerie est en déclin, prête à l'arrêt. En 1851, le tout est revendu à Malevez, y compris la Forge du Trou. A partir de ce moment, de nombreuses transformations sont apportées aux installations jusqu'à ce qu'elles soient comme on peut les voir sur les cartes-vues. Avec Malevez l'essentiel est la fabrication d'outils aussi pour le jardinage que pour l'agriculture. Le catalogue des produits fabriqués est impressionnant. Après le guerre 1940-1945, la concurrence des grands ensembles est fatale. Cela sonne la fermeture des usines Malevez en 1952. Tout le bien est revendu en 1955 à Houyoux-Eden qui va se tourner vers la restauration et les loisirs. Le bâtiment central est transformé en restaurant. Un parc d'attractions va jusqu'aux installations anciennes, en l'occurrence la Forge du Trou où le maka est conservé ainsi que les cisailles.
Vue partiel du restaurant et de son environnement.
L'Eden-parc. La Forge du Trou et ses roues sont toujours visibles.
Derrière le restaurant, une piste de danse est construite. On y organise des bals qui connaissent un beau succès auprès de la jeunesse.
Cinq ans après son achat, Houyoux-Eden revend la propriété qui va vers la fermeture à l'exception du restaurant.
Ironie du sort, après des siècles de travail du fer, les battements des marteaux sont remplacés par les flonflons d'un bal musette.
Forgette Goffioul
Des chevaux attendent d'être ferrés.
Déjà en 1830, une forgette exploitée par Nicolas Goffioul, se trouve sur la place communale d'Annevoie. la force motrice est apportée par une dérivation de Bableuse qui fait tourner la roue.
10:48 Publié dans Annevoie (Jean Closset), Jean Closset | Lien permanent | Commentaires (0)
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